Energie : reprenons le pouvoir !

Les Communautés énergétiques, le choix d’une production citoyenne, au profit des territoires et au service de la planification écologique.

A l’initiative de Christine Arrighi, Députée de Haute-Garonne

Notre modèle énergétique centralisé, basé essentiellement sur les combustibles fossiles et le
nucléaire ne survit que sous perfusion de subventions. Il est de moins en moins durable, de moins en moins autonome, de moins en moins rentable, de plus en plus polluant, à court, moyen et long terme.
Ce modèle favorise une production d’énergie éloignée du consommateur, avec des infrastructures nationales dégradées et un gaspillage d’énergie intrinsèque à ce modèle. S’ajoute à cet état des lieux le risque actuel de coupures programmées d’électricité, jusqu’ici empêché grâce aux interconnexions électriques européennes.

Face à ce constat, il est indispensable de repenser notre modèle énergétique pour sortir de notre dépendance au nucléaire et aux énergies fossiles. En ce sens, la loi d’accélération des énergies
renouvelables a été une opportunité manquée pour amorcer ce changement : aucun objectif, aucun financement, aucune mesure pour renforcer la capacité d’action, un mécanisme de planification inabouti, etc. Ce texte passe malheureusement à côté de l’ambition affichée.

Il est urgent de repenser en profondeur nos réseaux, nos modèles de production et de consommation. Grandes oubliées de la loi d’accélération des énergies renouvelables, les communautés énergétiques représentent pourtant une alternative crédible à notre modèle actuel, à tel point que les écologistes au Parlement européen sont même parvenus à les faire rentrer dans le droit européen.

Elles offrent l’opportunité d’effectuer une transition énergétique socialement équitable tout en se réappropriant le pouvoir sur nos énergies, jusque-là détenu par le secteur des combustibles fossiles. Secteur qui bloque continuellement les actions qui menacent ses intérêts financiers, au détriment des populations et de l’environnement. L’agilité du modèle des communautés énergétiques permet de relever l’ensemble de ces défis.

Notre postulat ? Pour l’énergie comme le reste, consommer moins ne suffit pas : il faut aussi consommer mieux. Notre volonté ? Responsabiliser les acteurs de la production et de la consommation en privilégiant les projets de production d’énergie locale, à plus petite échelle, de manière décentralisée et intelligente. Ces projets doivent se développer aujourd’hui pour assurer rapidement et durablement la fourniture d’énergie renouvelable à l’ensemble de la population, notamment aux plus précaires.

Une solution largement sous-exploitée

Portés par un regroupement de personnes, les communautés énergétiques sont caractérisées par
leur ancrage local et leur gouvernance horizontale. Très concrètement, tout projet local et décentralisé de production et de consommation d’énergie renouvelable peut être qualifié de communauté énergétique.

En s’appuyant sur les spécificités des différents contextes locaux, notamment dans leur dimension géographique, hydraulique, éolienne, solaire…, les communautés énergétiques poursuivent un but non-lucratif et contribuent au développement durable des territoires sur lesquels elles sont implantées, grâce à leurs retombées sociales et environnementales bénéfiques.

Une transition énergétique aux mains des territoires et leurs citoyens

La transition énergétique se fera par les citoyens, ou ne se fera pas. Par les citoyens, pour les citoyens : c’est le mot d’ordre qui impulse et guide les communautés d’énergie, qui figurent au cœur du nouveau modèle à construire. Elles permettent ainsi la reprise en main de notre destin énergétique, par un meilleur partage de l’énergie, une véritable maîtrise des consommations ainsi qu’une lutte efficace contre la précarité énergétique. Cela passe par une déconcentration : Déconcentrer les sources d’énergies d’abord, mais aussi les compétences et les acteurs.

A titre d’exemple, le mix électrique allemand comporte aujourd’hui plus de 50% d’énergies renouvelables, alors que la France a atteint les 20% avec la plus grande peine. Cela s’explique
notamment par l’importante proportion de projets décentralisés de développement des énergies renouvelables. Cela permet aux citoyens allemands de se réapproprier l’électricité qu’ils consomment. Ils détiennent à eux seuls 40% des capacités de production d’électricité renouvelable du pays, à l’image d’EWS, une des mille coopératives productrices d’électricité renouvelable en Allemagne. De tels exemples existent aussi en France, mais ils font figure d’exception.

Une énergie citoyenne compatible avec un modèle économique durable

La réappropriation démocratique et technologique des sources de production d’énergie par les citoyens en tant que bien commun, permet le développement de réseaux de chaleur et de l’autoconsommation. Cette approche rend les citoyens capables de produire, consommer, stocker et vendre leur propre énergie locale, dans une gouvernance partagée et plus horizontale.

La réappropriation nécessite également de repenser le secteur industriel pour le rendre de plus en plus compatible avec des énergies renouvelables, car la véritable souveraineté énergétique n’existera qu’à la condition d’une souveraineté industrielle construite avec les énergies renouvelables, en opposition à la réponse unique et dogmatique que constitue l’énergie nucléaire.

Un fédéralisme renforcé pour une valorisation des territoires

La remise en cause de la gouvernance centralisée de l’énergie ne signifie pas l’abandon de tout mécanisme de péréquation et solidarité nationale. L’émergence des communautés énergétiques
doit poser les jalons d’un modèle fédéral de dimension énergétique.

Les collectivités territoriales porteront une responsabilité essentielle dans ce changement de
modèle. Il faut donc renforcer leurs compétences en matière d’énergie afin de faciliter leur soutien politique et financier aux projets d’énergies renouvelables, parmi lesquels figurent les communautés énergétiques. En ce sens, le financement des Régions pour leur mission d’accompagnement et de structuration des filières d’énergies renouvelables doit être renforcé, tout comme celui des réseaux qui accompagnent et conseillent les projets citoyens d’énergies renouvelables.

Le fédéralisme énergétique peut être le fer de lance d’un fédéralisme plus large. Sa réussite facilitera l’implémentation du modèle à d’autres secteurs et contribuera à rebâtir un pays dans lequel les habitantes et habitants retrouvent le pouvoir d’agir, le goût et la responsabilité de participer aux politiques publiques afin de reprendre en main leur avenir et celui de leur planète.

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